Ma démarche
Artiste plasticienne, j’ai commencé à développer mes premières séries de mises en scène photographiques en 2008, en parallèle de documentaires sur la cause des femmes (La parole aux femmes entre 2008 et 2011, Dany en 2011 et Des maux aux mots en 2014).
Je m’inspire de sentiments communs autour de la solitude : mélancolie, vide, attente, absence, désillusion, et folie douce, pour mettre en scène des personnages féminins dans des univers poétiques et oniriques, pour transcender tant leurs fêlures que leurs espoirs.
Les sentiments que j’aborde sont soit des sentiments vécus, soit des sentiments recueillis de mon entourage, de personnes rencontrées dans mes projets documentaires ou d’inconnus qui ont croisé mon chemin.
L’intention artistique de mes mises en scène photographiques est de créer des fictions empruntées au réel, dans des univers poétiques et oniriques où le spectateur peut imaginer son propre récit.
Le lieu choisi pour mes mises en scène est essentiel car c’est souvent la découverte d’un lieu qui va m’inspirer pour imaginer une scène et générer une image. Entre 2008 et 2019 j’étais très attirée par les lieux abandonnés pour leur charge émotive. A travers la dégradation, l’usure de ces bâtiments, provoquée par l’abandon et leur inactivité, des sentiments de tristesse et de beauté se conjuguaient pour créer ou proposer une nouvelle temporalité, ou atemporalité; Ces lieux bien que vides n’étaient pas dénués de force et une atmosphère intrigante voire mystique en émanait. Ma première série « Stranger in the Day » a été notamment réalisée dans un hôpital psychiatrique abandonné en Belgique.
Depuis mon retour en france en 2019 une nouvelle page de ma vie et de mon travail a démarré avec la Méditerrannée en décor avec par exemple ma série « Summer rendez-vous », qui a été réalisée dans les anses de Marseille et qui est une ode à mon amour de Marseille.
Dans ce cadre choisi j’y inscris un personnage; parfois j’y inscris mon propre corps et il s’agit donc d’autoportraits, soit je choisis une personne en fonction de sa personnalité, de ce qu’il dégage. Je travaille souvent avec des danseuses contemporaines et des comédiennes, pour leur rapport particulier au corps et pour leur potentiel d’interprétation.
Une fois que j’ai choisi le lieu et le personnage, je passe à la phase de l’écriture; j’imagine des scénarios, des accessoires, des costumes, des lumières, des ambiances pour créer des fictions empruntées au réel.
Le choix du médium photographique se justifie sous différents aspects :
La photographie joue avec l’espace et le temps. A partir d’un choix de cadre on renonce à une partie de la réalité pour mettre en avant un endroit précis ; mais à l’intérieur de ce nouvel espace il est encore possible de créer d’autres espaces : par la composition, par le point de vue, par la disposition des personnages et des éléments; par la lumière et par le jeu de regards des personnages; Même si l’espace est réel et qu’il existe en tant que tel on peut le modifier, le transformer, pour en créer un nouvel espace qui sera l’espace de la photographie, dont le spectateur est invité à y voyager pour se raconter sa ou ses propres histoires.
Il en est de même avec le temps : la photographie, est la résultante d’un déclenchement, elle fixe un instant précis mais cet instant peut aussi jouer avec la temporalité et en proposer une autre dimension.
Dans cette recherche de cadre et de temporalité, je travaille également avec le médium vidéographique. Sur certaines de mes séries, comme dans l’errance du Cygne une vidéo accompagne la série photographique. Au printemps 2022 je tourne les images de ma nouvelle vidéodanse » Le regard de Lily » avec la chorégraphe et danseuse Simonne Rizzo.